Ni pour, ni contre; bien au contraire…

 Quand la conversation s’éternise sur les réseaux sociaux, donc au bout de longs commentaires (surtout les miens) dans quelque échange*, où je relate, explique et argumente mon point de vue, mon ressenti, mon sentiment…inhérents aussi et surtout à mes multiples et riches expériences personnelles de la Vie, on est régulièrement amené à me dire :  » Ne te justifie pas, ne t’excuse pas !  » ou  » Je n’ai pas dit que…pourquoi tu m’accuses de…  » ou  » Tu exagères…  » ou encore  » Tu prends tout trop au sérieux « , etc.

Le pire, c’est que l’on est plutôt d’accord sur le fond ; seule la forme diffère et cela suffit à engendrer une problématique qui pourrait devenir conflictuelle.

Je ne comprends pas ces phrases que l’on m’oppose à l’envi. Me justifier, m’excuser auprès de qui, de quoi ? Pourquoi ? Parce qu’il (me) semble que j’écrive sans mesure, sans restriction, sans savoir où et quand m’arrêter ; parce qu’il (me) semble que je puisse donner l’impression de vouloir avoir le dernier mot ; parce qu’il se pourrait que je pousse mon interlocuteur-trice dans ses retranchements (où je me perds aussi moi-même) ; parce que j’en arrive à défendre mon propos « bec et ongle », de manière exacerbée (je cherche la « p’tite bête »), sur un ton mordant, passablement ironique ou sarcastique ?

                Bah, on discute, c’est tout !

Certes… Je digresse –  c’est un fait que je ne conteste point : ça peut partir dans tous les sens  – trop et ce n’est pas – non-plus – du « goût des autres »… Quand bien même,  rien ne m’empêche d’élargir le débat (qui est très rarement un réel débat) !

Tout débat semble vain sur la toile. Même un simple échange peut prendre une voie sans issue.

Je ne fais que simplement m’exprimer (bon, je ne disconviens pas que mon laïus n’est pas toujours très clair et accessible et que la diplomatie et la pédagogie ne sont pas mon fort) ; du coup, j’en viens à me demander (et aussi à mon interlocuteur) si je dois me taire vu que mes propos semblent déranger voire pourquoi pas outrer, scandaliser… !? Bien sûr, il m’arrive d’être maladroit, ambiguë, paradoxal, énigmatique car je me fais souvent « l’avocat du diable » mais je suis et je reste pourtant poli, courtois ; cherchant à comprendre l’autre, parfois même à défaut de me comprendre moi-même… Bah, oui, on n’est pas à un paradoxe près…

Non, je ne me sers pas de mon vécu (lié à mon âge certain) pour asséner des vérités et me mettre en avant (loin de là) ; non, mon but, c’est uniquement un partage mutuel qui peut éventuellement aider, ouvrir des portes. C’est aussi ce que je recherche chez autrui : l’échange vrai, sincère, libéré, ouvert, constructif…

Pourquoi la communication virtuelle (si -trop ?- spontanée) tombe-t-elle quasi systématiquement sur les écueils de l’incompréhension, du malentendu, du quiproquo. ? On peut même recevoir, si on réplique, une volée d’insultes (de préférences avec des fautes d’orthographe) ; j’y ai échappé jusqu’à maintenant). L’insulte est très tendance de nos jours ; pour rien, gratuitement.  Pourquoi cette intransigeance, ce mur sans ouverture ? Pourquoi ce radicalisme de l’extrême ? (le « radicalisme » est différent de l' »extrémisme » : l’un est utile et constructif; l’autre : NON, c’est l’inverse !). 

Contrairement à l’oralité, l’écrit -d’autant plus quand il est virtuel- ne bénéficie pas des intonations de la voix, des silences, du non-verbal… De fait, sans l’image et le son, l’interprétation des mots semble faussée, biaisée, dénaturée ; cela provoque et induit un comportement qui tend de plus en plus à un penchant persécutif, limite paranoïaque ; tendance hystérique…c’est-à-dire que j’ai le sentiment que la majorité des aficionados de l’échange internétal  sont sur la défensive, prête à en découdre ; qu’ils interprètent les mots d’autrui sans véritable réflexion, sans recul et répondent avec véhémence, avec virulence, avec agressivité. En fait, ils sont sur le net comme dans la « vraie » vie : impatients (dans le « tout, tout de suite », plutôt intolérants à la frustration.

Aller vite, toujours plus vite. Je ne suis pas dans l’instantanéité comme le sont souvent les plus « jeunes »… Je prends le temps pour réagir… Je lis et relis ce que j’écris. Malgré cela, il m’arrive quand même de faire des bourdes ! « L’erreur est humaine » dit-on (de là à penser que l’humain est une erreur…). Ma communication n’est peut-être pas toujours adaptée : mes lecteur-trice-s ont de 17 à 75 ans alors je m’embrouille sûrement parfois…

Par ailleurs, j’ai constaté que quel que soit le sujet, c’est toujours le même refrain : les gens raisonnent (enfin ceux qui le font) à chaud (il faut être très réactif sur le web : je me demande bien pourquoi) et par conséquent, réagissent promptement en étant radicalement POUR ou CONTRE ! C’est d’autant plus étrange que tous les sujets ne s’y prêtent pas ! Et pourtant…

Il y a des « vrais » sujets de société où je suis pour ou contre bien sûr mais je préfère trouver du pour dans le contre et vice versa et ne pas nier en bloc les propos de mon interlocuteur-trice. La vie est faite de nuances.

Pourquoi faudrait-il  toujours prendre parti ? Comme s’il fallait choisir son camps pour toujours et ne plus en bouger ! N’y a-t-il pas que « les imbéciles qui ne changent pas d’avis » ? Ne peut-on pas se tromper ? Rien n’est permanent, ni définitif.

Quid du juste milieu, de l’équilibre, de la modération, ça n’existe plus ?  On m’a dit que c’est une attitude molle, faible puisque l’on ne prend pas parti. Ah, bon ?! S’il n’y a pas de modération, de consensus, la société se déséquilibre, se délite et c’est ce qui se passe de plus en plus.

Quelle est donc cette société prompte à condamner ; à juger sans cesse ; à voir le mal partout tout en critiquant le bien** sans relâche ?

     Chriss  😉

 

*  oui, c’est volontairement au singulier.

** j’utilise le sens commun pour faire simple.

 

                                                                          Le 06/08/2014 – © chridriss

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