Cass’heurts…

  Vendredi matin (7 décembre), j’ai emmené mon loulou à la maternelle : on traverse tranquillement la « Résidence des Poètes » – enfin, la cité H.L.M. où nous habitons – et nous voilà dans la rue où se trouve l’entrée des petits de son école publique élémentaire. C’est comme ça quasi tous les jours. Pouvoir accompagner son enfant à l’école, ce n’est jamais une contrainte même si c’est parfois compliqué (horaires de travail, distance…), ça doit être simplement un bon moment de vie partagé.

Mais cette fois-ci, ce n’était pas un jour comme les autres…

En effet, en sortant de la maternelle, alors que je m’apprêtais à faire le chemin inverse afin de récupérer ma voiture, garée en bas de mon immeuble, pour aller au travail, quelle ne fut pas ma surprise de tomber nez à nez avec une bande d’une trentaine de jeunes, tout de noir vêtu, encagoulés pour la plupart ! Ils poussaient des bacs à ordures, notamment ceux de la maison de retraite sise juste de l’autre côté de la rue, et commençaient à envoyer tout ce qui leur tombaient sous la main en direction du lycée technique en face !

Je ne pus m’empêcher de penser « Quelle bande de cons ! C’est complètement stupide le vandalisme, d’autant plus que le lycée a été entièrement rénové, il y a peu ». J’ai même failli les interpeller pour leur demander à quoi cela leur servait de faire ça. Au moment où j’allais m’adresser à l’un d’eux, j’entendis un « Caillassez ! caillassez ! » ; je pris conscience, en une fraction de seconde, que j’étais seul face à une foule déchaînée alors je continuais ma route, abasourdi par cette violence. Courageux mais pas téméraire. Ou juste prudent.

J’appris dans la matinée par le groupe Facebook de l’école que la route fut barrée toute la journée. L’entrée de la maternelle fut détournée par l’entrée principale de l’école. Un long détour.

 Heureusement, mon loulou n’a rien vu. Je ne suis pas rentré dans les détails pour lui expliquer le pourquoi du nouvel itinéraire. Quel exemple ces ados donnent-ils aux tout petits ! ? Quelle éducation ont-ils eu ? Mon grand, 17 ans, lycéen, est tellement loin de cette jeunesse… Il ne pense qu’à obtenir son BAC et faire son sport.

Vu sur mon quartier de mon balcon – © chridriss

Après le we tourmenté que l’on sait, ce lundi matin, j’emmène mon loulou à la maternelle. Arrivé à l’angle de la rue Maison de retraite/Lycée technique/Maternelle, je constate que des poubelles ont été brûlées. Le personnel de nettoiement de la voirie est plus qu’à pied d’œuvre. L’accès à la maternelle se fait à nouveau par l’entrée principale à l’autre bout de la rue, où 5-6 voitures de police s’agglutinent. Quelle démesure ! Les incendiaires sont déjà loin ou bien cachés…

Mon fils, lui, s’amusent de voir une balayeuse et des voitures de Police ; ne manque qu’un véhicule de pompier pour que l’excitation soit à son comble ! Tout ça n’est sûrement qu’un jeu pour lui…

Je ne travaille pas ce jour. Dans la matinée, à l’instant où j’écris cet article, des jeunes jouent au chat et à la souris avec la police dans mon quartier.

Je m’interroge : pourquoi cassent-ils ?

Bien sûr, ce ne sont pas des gilets jaunes excédés au point de craquer à force de ne pas être entendus par nos gouvernants, encore moins des « ultras » droite et gauche confondus, ni même des pillards (il n’y a rien à voler). Sont-ils eux-mêmes des lycéens ? Alors ?! Est-ce juste pour se faire remarquer, se défouler ? Est-ce un signe des temps comme un miroir de la société ? Est-ce… juste tout bêtement de la connerie ?

Je n’ai pas de réponse. En revanche, je sais que je n’aimerais pas être parent de ces enfants-là. Je prône la non-violence et je serais vraiment très mal si mes enfants s’adonnaient à ce type de comportement.

Évidemment, on pourrait comprendre « les casseurs » voire les excuser par le fait que la réelle violence est celle exercée par les très riches sur les pauvres, par les excès et le non-sens du capitalisme et du libéralisme, par la domination et le racisme d’état des blancs sur les racisés, comme une réponse à l’oppression d’une certaine police sur ces derniers et sur les manifestants (jeunes, ouvriers, retraités, etc.), comme une réponse à l’iniquité, à l’autoritarisme étatique… On peut mélanger tout cela car il s’agit bien d’une lutte des classes commune à tous les défavorisés, à tous les exclus, à tous ceux qui sont en bas de l’échelle sociale, au bas de la pyramide.

Mais cela légitime-t-il pour autant la violence des casseurs ? Pourquoi tant de haine ?

La violence pour la violence ne fait qu’envenimer une situation déjà délétère. L’escalade sans fin dictée par la loi du Talion comme elle existe dans le conflit israélo-palestinien en est l’exemple le plus parlant. Oui mais… On fait quoi quand le peuple n’est pas entendu, quand la rue crie famine, quand le citoyen demande justice ?

Manifester gentiment en chantant sur les boulevards n’apporte aucune réponse aux frustrations, aux demandes du peuple.

Empêcher la libre circulation des individus, provoquer la faillite des commerçants de proximité, perturber les cours au lycée…ne peut qu’engendrer le mécontentement et nuire au mouvement justifié « des gilets jaunes ».

En revanche, permettre les transports gratuits (péage, train…) satisfait tout le monde.

Il est temps de parler de démocratie participative, de considérer que la politique ne doit plus être un métier…

Je ne cautionne aucune violence mais je dois admettre qu’à un moment donné, la radicalité semble être la seule solution pour un changement.

À part la révolution des œillets au Portugal, je n’ai pas connaissance qu’un mouvement pacifiste ait réussi à changer de paradigme sociétal. Ne parlez pas de Gandhi, de M.L. King ou de N. Mandela ! Certes, ils ont impulsé un autre possible mais quid 10 ans, 20 ans, 30 ans après ? L’Inde n’a jamais été aussi violente ; les noirs en Afrique ou ailleurs sont toujours dominés…

Bref, il est bientôt l’heure que je me casse à l’école pour le retour à la maison de mon loulou…

    Chriss Brl

                                            Le 10/12/2018 –  © chridriss

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